Créer un potager en permaculture : Méthode simple et durable

VIE QUOTIDIENNE & AMÉNAGEMENT

Sophie

4/18/20254 min read

Créer un potager, c’est faire bien plus que cultiver des légumes. C’est cultiver une relation avec la terre, le temps, les saisons. Et lorsqu’on choisit la permaculture comme approche, on entre dans un tout autre monde : un jardin vivant, durable, qui se construit avec la nature plutôt que contre elle.

Depuis trois ans, nous avons mis en place un potager en permaculture dans notre jardin breton. Ni experts, ni agriculteurs, mais passionnés, curieux, et déterminés à produire nos légumes sans retourner la terre ni utiliser le moindre produit chimique. Aujourd’hui, notre potager est devenu un écosystème productif et agréable, qui évolue au fil des saisons et s'améliore d'année en année.

Voici notre méthode, testée et approuvée, que vous pouvez adapter à votre rythme, même avec peu de terrain ou peu de temps.

Découvrez également notre article sur comment entretenir sa maison naturellement et sans produits chimiques.

Comprendre la permaculture : une approche globale 🌍

Avant de sortir les outils ou d’acheter des semences, il est essentiel de comprendre ce qu’est la permaculture. Ce n’est pas une technique de jardinage, mais un système de conception inspiré du fonctionnement des écosystèmes naturels.

Dans un potager, cela se traduit par :

  • Respecter les cycles naturels : planter au bon moment, laisser les plantes aller à leur rythme

  • Prendre soin du sol, qui est un organisme vivant à part entière

  • Créer de la diversité : plus il y a de plantes, d'insectes, d'arbres, mieux l'ensemble fonctionne

  • Utiliser les ressources locales : eau de pluie, feuilles mortes, compost fait maison

  • Éviter les intrants extérieurs (engrais, pesticides, produits phytosanitaires)

👉 En permaculture, on observe d’abord, on agit ensuite, avec le minimum d’intervention possible.

Étape 1 : Observer et planifier avant de planter 🧭

On a tendance à vouloir commencer vite : retourner la terre, faire des rangées, semer à tout-va. En permaculture, on fait l’inverse : on observe pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, et on planifie soigneusement.

Voici ce que nous avons analysé :

  • Le soleil : quelles zones sont ensoleillées le matin, lesquelles restent ombragées ?

  • L’eau : y a-t-il des zones qui se gorgent d’eau en hiver ? Des endroits secs en été ?

  • Le vent : certaines zones sont-elles trop exposées ? Un brise-vent est-il nécessaire ?

  • La faune locale : limaces, oiseaux, hérissons, abeilles, rongeurs ?

Nous avons ensuite dessiné un plan sommaire du jardin, en y plaçant les éléments fixes (compost, réserve d’eau, arbres, allées), puis les futures zones de culture. Cette étape nous a permis d’optimiser chaque mètre carré tout en respectant le vivant.

Étape 2 : Préparer le sol sans le bêcher 🪱

Le sol, en permaculture, est considéré comme un organisme complexe, fragile et vivant. Le bêcher ou le retourner détruit les micro-organismes, les galeries des vers de terre, et expose les racines au soleil.

Nous avons utilisé une méthode simple et efficace : la mise en place de planches de culture sur sol vivant, aussi appelée “lasagnes”.

Notre protocole :

  1. Tonte courte de l’herbe sur la zone choisie

  2. Pose de cartons bruns non imprimés (sans scotch ni agrafes), qui étouffent les herbes

  3. Couche de matières vertes : tontes fraîches, déchets végétaux

  4. Couche de matières brunes : foin, feuilles mortes, BRF

  5. Compost ou terreau maison en surface, pour accueillir les premières plantations

Nous avons laissé ce mélange se décomposer pendant 4 à 6 semaines. Résultat : un sol meuble, riche, plein de vers de terre et sans mauvaises herbes persistantes.

Étape 3 : Sélectionner les bonnes plantes et créer des associations 🤝

Il est tentant de tout vouloir cultiver. Pourtant, pour un premier potager en permaculture, mieux vaut commencer petit, mais bien.

Nous avons commencé avec :

  • Des plantes faciles à cultiver et résistantes : salades, radis, haricots, tomates cerises, courgettes

  • Des plantes couvre-sol : fraisiers, capucines, œillets d’Inde

  • Des aromatiques : ciboulette, thym, basilic, persil — utiles et souvent répulsives pour certains insectes

Nous avons ensuite appliqué les principes d’associations de cultures, par exemple :

  • Tomates + basilic + œillets d’Inde : contre les pucerons et pour favoriser la croissance

  • Carottes + poireaux : l’un éloigne les ravageurs de l’autre

  • Courges + haricots grimpants + maïs (inspiré des “3 sœurs” amérindiennes)

Ces associations créent des mini-écosystèmes autosuffisants, qui se protègent mutuellement et limitent les intrants.

Étape 4 : Pailler en permanence pour protéger le sol 🍂

Le paillage est un des piliers de notre potager. Une terre nue, c’est une terre qui se dessèche, qui s’érode, et qui attire les “mauvaises herbes”. Le paillage permet de garder l’humidité, nourrir la faune du sol, et protéger les racines.

Nous utilisons plusieurs matériaux disponibles gratuitement :

  • Foin des voisins (non traité)

  • Feuilles mortes

  • Tontes de gazon séchées

  • Déchets végétaux grossiers (cosses, fanes…)

Le sol reste frais même en plein été, les plantes souffrent moins de la chaleur, et l’arrosage est réduit de moitié.

Étape 5 : Observer, ajuster, laisser vivre 🔎🌿

Contrairement au jardinage classique, la permaculture invite à intervenir le moins possible, à observer les équilibres, et à accompagner la nature au lieu de la corriger.

  • Nous notons les cycles des plantes, les dates de semis, les réussites et les échecs

  • Nous laissons pousser des plantes spontanées, souvent utiles (ortie, pissenlit, plantain)

  • Nous fabriquons du compost maison pour boucler la boucle

Et surtout, nous ne cherchons pas la perfection. Un potager vivant est un lieu en mouvement, avec ses imprévus, ses visiteurs (insectes, rongeurs, oiseaux), ses erreurs et ses surprises.

Ce que nous avons gagné… et ce que vous pouvez gagner aussi ✅

  • Moins d’efforts physiques (pas de bêchage, peu de désherbage, peu d’arrosage)

  • Des légumes sains, frais, et 100 % maison

  • Un jardin riche en biodiversité : on y croise des papillons, des abeilles, des grenouilles

  • Du plaisir au quotidien, en famille ou en solo, à semer, cueillir, observer, goûter

Créer un potager en permaculture n’est pas réservé aux initiés. Il suffit de commencer petit, de s’adapter, et d’observer. C’est un projet gratifiant, utile, et profondément apaisant.

Alors, prêt à vous lancer ? Un carré de 5 m², quelques plants, un peu de paillage et beaucoup d’observation… et vous voilà en route vers un potager autonome, fertile et vivant.